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Auteur : Thierry Pérémarti
Postface : Alex Dutilh
Date de saisie : 02/12/2009
Genre : Musique, Chansons
Editeur : Mot et le reste, Marseille, France
Collection : Attitudes
Prix : 23.00 €
ISBN : 978-2-915378-96-2
GENCOD : 9782915378962
Sorti le : 27/10/2009
1) Qui êtes-vous ?
Un journaliste franco-américain dans le monde du jazz, passionné autant par la musique que par les musiciens. Un chroniqueur qui s'est détourné de la critique pour s'inventer portraitiste de jazz, friand de rencontres, de rendez-vous et de tête à tête ; qui a passé de très nombreuses années à poser des questions, à écouter des réponses, à ne rien dire aussi quand il n'y a rien à dire.
2) Quel est le thème central de votre livre ?
L'intimité de ces hommes et de ces femmes «jazzmen» qui savaient pour la plupart que la notoriété leur échapperait et jusqu'à la reconnaissance même par le public au sens large ; qui vivent une vie artistique à haut risque, qui ont fait des choix, et des concessions, avec détermination et rigueur, en se trompant, en recommençant l'ouvrage, en triomphant aussi. Il y est question de courage, de doutes, d'orgueil, d'abnégation, de liberté, et c'est en allant chez eux, en leur rendant visite qu'ils révèlent ce qu'ils sont.
3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de votre livre, laquelle choisiriez-vous ?
«Il y a des notes qu'on ne trouve pas» ou «et maintenant que vas-tu foutre de tout ce baratin ?»
4) Si votre livre était une musique, quelle serait-elle ?
Mais justement mon livre est fait de 78 musiques très personnelles et authentiques, dont je ne suis ni le compositeur, ni l'arrangeur, encore moins le producteur, mais uniquement l'interprète.
5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
L'épaisseur de ces personnages... leur singularité... leur caractère révélé au quotidien.
Thierry Pérémarti a animé pendant dix ans, la rubrique " At home with... " pour Jazzman. L'idée consistant à rencontrer à leur domicile d'importants acteurs de l'histoire du jazz, Visiting Jazz regroupe quelques dizaines de ces entrevues menées sur les côtes ouest et est des États-Unis. Grâce à ces interviews accompagnées des photos prises par l'auteur, vous pourrez ainsi rencontrer sur le seuil de la porte, dans un canapé ou en chaussettes, les grands noms du jazz : Gato Barbieri, Ray Ellis, Chico Hamilton, Freddie Hubbard, Michel Petrucciani, Pharoah Sanders, Lalo Schifrin, Joe Zawinul...
Né en France en 1957, Thierry Pérémarti vit depuis vingt-cinq ans aux États-Unis où il est journaliste musical spécialisé dans le jazz. Il réside actuellement à Dallas, au Texas. Collaborateur aux revues Jazz Hot puis Jazzman depuis New York et Los Angeles, il a interviewé quelques centaines de musiciens. Il a également publié en France une douzaine de recueils de poésie.
Central Park, en avance sur l'horaire, à poireauter sur un banc de la 59e Rue. Chapelet de calèches dans la moiteur d'août. Effluves insupportables de pisse et de crottin. Klaxons diffus des taxis. Sirènes stridentes venues on ne sait d'où. Et puis ce pressentiment idiot qui rend nerveux... que Gato Barbieri ne sera pas chez lui, qu'il s'est débiné au dernier moment. Non qu'il bosse comme un forcené cet été. L'Italie au programme. Trois, quatre concerts en vedette, précédés de cette aura immaculée et légendaire : écharpe de satin blanc, feutre vissé sur lunettes noires. Un ténor au son de chauffe, acre, pincé et altier, constant. Égosillé. Unique. Qui énerva les donzelles, les copains de régiment, le fleuriste d'en bas, mais dont raffolait cette rousse de la Nouvelle-Angleterre puritaine dont on ne se souvient que trop bien. Comprend qui peut. Gato Barbieri donc, au timbre timbré - radiant - brasero de braises italo-argentines. Il faut l'écouter... On cherche des équivalents. De ceux qui font chier le bourgeois : Sanborn, Garbarek, Desmond... Des sons persos comme des tatouages, indélébiles, entiers, avant qu'ils n'aient joué trois mesures.
Grand standing, l'immeuble. Valet de parking en uniforme. «Qui dois-je annoncer ?», demande le sbire en bras de chemise derrière ses télévisions. Du 9e étage, on a donné l'accord. Il est donc bien chez lui. On sauterait de joie dans l'ascenseur. Puis la porte s'ouvre. El Gato himself, kimono ouvert, sublime accent argentin. On sera mieux dans sa chambre, dit-il se déplaçant lentement. Pas la grande forme. Lui allongé sur le lit. Moi, assis côté passager. Tous deux à même le drap, comme si de rien n'était. Avec ce grand miroir sur tout le mur, on risque peu de se perdre de vue. Christian, son fils de neuf ans, vient nous tourner autour. Il le congédie au salon avec quelque autorité.